Les exportations au départ de la mer Noire sont scrutées par le marché

À la fin du mois de juillet dernier, la Russie avait annoncé ne pas renouveler sa participation au corridor maritime ukrainien au départ des ports du grand Odessa (Chornomorsk, Odessa et Pivdennyi). En 2023, ce corridor avait permis à l’Ukraine d’exporter jusqu’à 3,8 millions de tonnes de matières premières agricoles, rien qu’au mois de mars. Tous modes de transport confondus, le pays a exporté en moyenne entre 5 et 5,5 millions de tonnes par mois, entre les mois de janvier et de juin 2023. C’est un niveau légèrement en deçà de celui d’avant-guerre.

Avec la fin du corridor maritime au mois de juillet dernier, les exportations ukrainiennes sont passées sous le seuil des 4 millions de tonnes par mois. Les exportations via les ports ukrainiens du Danube (Reni et Izmail) ont certes gagné en cadence, mais elles atteignent leur limite. Toutefois, l’Ukraine a, depuis la fin de septembre, mis en place unilatéralement un nouveau corridor maritime au départ des ports du grand Odessa, sans l’accord de la Russie. Malgré quelques incidents, ce corridor voit son activité augmenter, avec près de 300 000 tonnes de matières agricoles exportées rien que sur la première moitié du mois d’octobre.

La Russie a commencé très fort sa campagne d’exportations

À l’inverse de l’Ukraine, la Russie a commencé sa campagne d’exportation sur les chapeaux de roue. Elle a ainsi exporté un volume record de 14,7 millions de tonnes de blé entre les mois de juillet et de septembre. Le constat est le même pour l’orge. La Russie bénéficie encore d’une bonne récolte cette année et a été très compétitive ces derniers mois. Elle a ainsi pris l’ascendant sur les autres origines, notamment celles de l’Union européenne (UE). C’est notamment le cas vers les destinations traditionnelles de l’UE que sont l’Algérie et la Tunisie.

La Russie a également été très présente vers l’Égypte et l’Arabie Saoudite. Néanmoins, les exportations russes ont fortement ralenti au mois d’octobre. Il est pour le moment difficile de savoir si ce ralentissement est le résultat d’une demande mondiale en baisse. Elle est en tout cas aussi probablement le résultat d’une volonté des agriculteurs russes à ne pas vendre à un prix jugé trop bas. En effet, avec seulement 225 $/t Fob Novorossiysk pour le blé à 12,5 % de protéines, et 165 $/t pour l’orge, la question de la rentabilité à un tel niveau de prix se pose. Cela ne veut pas dire pour autant que les exportations russes n’accélèreront pas de nouveau, tant les disponibilités dans le pays sont importantes.